Quand la vie est trop courte pour râler ou s'acheter des fleurs demain, j'invite le lecteur à s'émerveiller des petites choses. Dans les sillons creusés par l'inattendu ou le hasard, je sème les graines d'un regard humain, parfois mordant, et compose régulièrement un bouquet de rencontres ou d'échanges piquants, insolites, simples.

mercredi

Le vieux monsieur au caddie customisé


Ce Gif n'a presque pas de rapport avec le billet qui suit

Mercredi matin, quartier de la Timone, à Marseille.

Les interminables files d'attente aux caisses de supermarché ne plaisent à personne. Les clients rouspètent. Les caissières respirent le nuage toxique d'ondes produites par les jérémiades ou par l'impatience collective, silencieuse, refoulée. L'employée nous signale soudain qu'à l'autre bout de l'allée une collègue vient d'ouvrir sa caisse. Personne ne bouge. Elle souffle son mécontentement. Les gens sont flegmatiques, détachés, ou pas tout à fait réveillés. C'est peu commun mais j'aime les files d'attente. Pour l'activité qu'elle propose : la rêverie, la contemplation de mes pairs, des paniers toujours dégueulasses, des produits frais déposés à la va-vite et qui finiront hélas à la benne, des ingrédients longs comme le bras des bonbons séduisant le chaland sur sa dernière étape avant la sortie, des stars de pacotille figurant en une des magazines télé. Ou la conversation avec mes compagnons d'attente.

J'offre au vieux monsieur de passer devant moi. Même cabossé par la vie, il ne se départit pas d'une bonhomie communicative. Il pose sur le tapis ses deux articles, des chips et une grappe de raisins et me montre, fiérot, le caddie qu'il a bricolé. Il a ajouté deux roues sur le devant pour faire office de déambulateur et lui éviter ainsi de s'encombrer de béquilles. Il a lesté l'avant d'un kilo de plomb pour l'empêcher de basculer. A l'arrière, un siège qu'il déplie pour s'asseoir quand il veut faire une pause sur son trajet du retour. Il accroche un clignotant de chaque côté, un rouge puis un blanc. Je le félicite pour son ingéniosité, lui signifie que je garde volontiers son idée pour plus tard.

A la sortie du supermarché, nous échangeons encore quelques mots, il me dit qu'il va acheter son journal, papoter un peu avant de rentrer chez lui à deux pas, il prend congé de façon sonore en actionnant un klaxon Mickey, dernière surprise logée dans son caddie customisé.




10 commentaires:

  1. c'est digne du prix du concours l'Epine son caddie
    bisous

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    1. Quand tu ne roules pas sur l'or tu es parfois obligé d'avoir des idées.
      Bises itou :)

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  2. Bonjour, bonjour!

    Oooh, j'adore ce petit souvenir!


    "Demandez toujours aux pauvres, ils sont riches de solutions."

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    1. Bonjour bonjour, c'est un souvenir tout frais pondu d'hier.

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  3. Ingénieux ! J'imagine qu'il devait avoir un tuyau relié à une gourde de pastis aussi !;)

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  4. Ça y est vous êtes chez votre nouveau "chez vous" dans la cité phocéenne. J'espère que vous vous y plairez ? Mais avec votre amoureux, que demander de plus. Sinon belle tranche de vie que vous nous racontez là, avec brio, comme toujours. Bon week-end !

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    1. Merci Jean-François pour votre fidélité & excellent week-end à vous également !

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  5. Moi aussi j'aime bien les files d'attente. C'est mon moment contemplatif:il y en a si peu, aujourd'hui quand tout va à toute vitesse. Ton vieux monsieur est un Diogène bricoleur: un trésor de vieux monsieur. Sans la file d'attente, tu l'aurais loupé.
    Chouette moment.

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    1. Bienvenue au club des contemplatifs ^^
      À ce propos, je m'en vais de ce pas attendre à La Poste et espère ne pas m'agacer de l'affluence. Suspense.

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